Adieu Franz Beckenbauer, le dernier des immortels du football

La légende allemande est décédée à l'âge de 78 ans, laissant derrière elle un héritage unique, qui s'est compliqué au cours de ses dernières années.

Franz Beckenbauer était vraiment l'un de ces joueurs qui pouvaient parler avec leurs pieds , même si certains, plus tard dans sa vie, pensaient que son héritage aurait été plus grand s'il s'était limité à cela.

Personne n’envisageait de telles controverses lorsque le grand allemand sortit de la défense de la manière qui devint sa signature ; il n'y avait que la pureté de la pièce. L'un de ses contemporains estimés, Gerd Müller, ne réfléchissait entre-temps qu'à ce que Beckenbauer souhaitait ensuite. Il le lui dirait avec le type de passe jouée. Si c'était tranchant, cela signifiait que Muller devait faire quelque chose avec lui-même. Si c'était doux, cela signifiait que Beckenbauer voulait le récupérer pour le un-deux caractéristique qui a dicté et décidé tant de grands matches.

C'est cette menace constante qui a réglé l'un des plus grands matchs de l'histoire entre l'Allemagne de l'Ouest et l'Angleterre , qui était une revanche de la finale de la Coupe du monde de 1966 qui a eu lieu quatre ans plus tard en quart de finale. Les poussées de Beckenbauer ont fait des ravages et ont inspiré un retour 3-2 après un score de 2-0. Les Allemands ont ensuite remporté une demi-finale historique contre l'Italie, considérée comme le plus grand match jamais joué, pour devenir l'une des plus grandes équipes internationales de tous les temps. Sous l’impulsion de Beckenbauer, l’Allemagne de l’Ouest a été la première à organiser simultanément le Championnat d’Europe et la Coupe du monde, comme elle l’a fait en 1972 et 1974.

Il y a eu pendant un certain temps un sentiment de frustration à ce sujet en Angleterre, puisque c'était la décision surprenante de Sir Alf Ramsey d'éliminer Sir Bobby Charlton à 2-0 en 1970 qui avait libéré l'espace pour Beckenbauer. Les deux étaient si souvent liés au niveau international, tant par leurs positions que par leurs profils au sein de leurs équipes.

Il est presque malheureusement normal qu'ils soient passés si près l'un de l'autre, mais cela reflète également l'une des significations les plus résonnantes de la mort de Beckenbauer à 78 ans. Une époque est également révolue. Der Kaiser , connu pour l'élégance royale de son jeu, était considéré comme l'un des « immortels » du football. Il s’agissait d’un groupe élevé de joueurs qui ont atteint leur apogée à l’ère de la télévision classique entre les années 1950 et la fin des années 1980, qui a marqué la première véritable internationalisation du jeu. Ce n’est pas un hasard si briller dans cette nouvelle ère du technicolor, c’était aussi colorer la conscience collective formatrice du jeu. Ce n’est pas seulement la façon dont ils ont triomphé, mais aussi le fait qu’ils ont transformé et transcendé le jeu.

Beckenbauer était un défenseur innovant, dont le rôle s'est transformé avec le temps

Ceux qui l'ont fait le plus, du point de vue global du public qui regarde les Coupes du monde et les finales de la Coupe d'Europe, sont probablement Pelé, Diego Maradona, Johan Cruyff, Alfredo Di Stefano, Ferenc Puskas, George Best et Beckenbauer. D’autres bien sûr y ont droit, notamment Charlton.

La raison la plus profonde de notre tristesse est que tout cela est incontesté et que, avec le décès de Beckenbauer, tout cela a désormais disparu. C'est une chose à laquelle il faudrait réfléchir. Cette tristesse est d’autant plus aiguë en raison de la gloire et du bonheur qu’ils ont créé pour leurs supporters.

Le succès même de Beckenbauer a même joué un rôle dans la raison pour laquelle ses deux équipes principales, l'Allemagne de l'Ouest et le Bayern Munich , sont devenues deux des plus détestées mais redoutées du jeu. Il combinait souvent un immense succès avec les deux.

Beckenbauer fait partie d'un groupe restreint de joueurs à avoir remporté la Coupe d'Europe et la Coupe du Monde la même année. Cette annus mirabilis de 1974 s'est produite en plein centre de la gloire internationale de l'Allemagne de l'Ouest et de la série historique de trois Coupes d'Europe consécutives du Bayern. Ce dernier est un exploit qui n'a encore été réalisé que par quatre clubs différents et qui n'a pas été reproduit avant 42 ans après que l'équipe de Beckenbauer l'a réalisé en 1976. Il reste une référence dans le football de club.

Beckenbauer est l'une des trois personnalités à avoir remporté la Coupe du Monde en tant que joueur et entraîneur

De tels exploits ne signifiaient pas vraiment que Beckenbauer était considéré comme l'égal de Pelé ou de Maradona, mais son héritage sur le terrain est sans doute plus profond. À une époque où le « football total » modifiait les paramètres de la façon dont le jeu était joué, et où il n'était pas nécessaire de le fixer, l'Allemand a eu une immense influence sur ce point. C’était un défenseur notionnel qui allait constamment vers l’avant. Cela n’a presque jamais été fait, du moins de manière aussi médiatisée, et cela a transformé l’espace même du terrain.

Beckenbauer a donné au jeu le « libéro », dans son sens le plus largement compris. Cela lui a permis de remporter pratiquement tous les trophées majeurs en tant que joueur. Il reste le seul défenseur à avoir remporté deux fois le Ballon D'Or, si tant est qu'on puisse le qualifier de défenseur.

Et ce n'était qu'une partie de sa carrière.

Il est ensuite devenu la deuxième des trois personnalités du football à remporter la Coupe du monde en tant que joueur et entraîneur. Il y a eu un autre écho historique dans la mort du premier d'entre eux, le Brésilien Mario Zagallo, ce week-end . Il ne reste plus que Didier Deschamps.

En ce qui concerne la discussion que Beckenbauer laisse derrière lui, elle a toujours été bien plus compliquée que de simplement célébrer sa grandeur footballistique. Il y a eu de nombreuses controverses au cours de sa carrière, et le biographe Uli Hesse a décrit une « relation d’amour-haine » que l’Allemagne entretenait avec « son plus grand footballeur de tous les temps ». Dès les années 1970, la couverture médiatique de son transfert choc vers la Ligue nord-américaine de football a suscité des accusations selon lesquelles il fuyait simplement de nombreux problèmes, notamment les autorités fiscales et un mariage en désintégration.

Tout cela a atteint son point le plus bas au cours des deux dernières décennies de sa vie. Si Beckenbauer est parvenu à définir une époque dans laquelle le jeu était pratiqué, il en est également venu à définir la manière dont il était gouverné. En tant que membre du Comité exécutif de la Fifa chargé de voter pour l'organisation de la Coupe du monde, il a fini par faire l'objet d'enquêtes distinctes sur la candidature extrêmement controversée pour les Coupes du monde 2018 et 2022 ainsi que sur son rôle dans la sélection allemande pour 2006. La chambre a conclu en 2016 que Beckenbauer avait enfreint les règles de l'organisation en matière de pots-de-vin et de corruption pour 2006, mais le comité d'éthique a jugé que les accusations étaient prescrites. Il s'était déjà retiré, niant tout acte répréhensible.

Les une-deux et les déferlements dans d’autres zones du terrain symbolisent désormais presque à quel point les lignes étaient floues, comment il y avait toujours un autre côté. Cependant, ces moments sur le terrain dicteront toujours l’essentiel de la discussion maintenant qu’il est décédé. Avec Beckenbauer, c’est toute une époque du jeu qui est révolue.

Crédit: Miguel Delaney