Les Haïtiens n'ont jamais occupé la République dominicaine.


C'est à Ryswick, ville hollandaise, en septembre 1697, que fut signé le traité par lequel l'Espagne cède à la France le tiers occidental de l'île de Saint Domingue. Près d'un siècle plus tard, le 22 juillet 1795 par le traité de Bâle en Suisse, l'Espagne cède à la France les deux tiers orientaux de l'île. Ce qui fait de la France la détention absolue, incontestable de toute l'île. Par la suite, Toussaint Louverture est devenu Gouverneur à vie de toute l'île, en vertu de la constitution de 1801 qu'il avait lui-même promulguée. Lorsque l'armée de Napoléon débarqua en 1802 ; avec vingt-deux mille hommes et 86 navires, Toussaint lui livre la guerre avec Paul Louverture à Saint-Domingue, Laplume aux Cayes et Christophe au Cap Français. Ce qui revient à dire que Toussaint livre la guerre à l'armée napoléonienne sur toute l'île. Ce fut une bataille non couronnée de succès. Toussaint fut arrêté, déporté en France et mourut au fort de Joux.

Plus tard, Dessalines reprend le Flambeau de la guerre de l'Indépendance de toute l'île de St Domingue. Dessalines gagne la guerre et l'instantané de Rochambeau la reddition de toute l'île de St Domingue le 4 décembre 1803. Dessalines est devenu Gouverneur à vie absolu, incontestable de toute l'île d'Haïti, ci-devant l'île de St Domingue. Le territoire s'étend de la Navase à Punta Cana. L'île est indépendante en janvier 1804. Dès le mois de mars, Dessalines se trouva à Saint-Domingue, province de l'île d'Haïti, en vertu de son autorité sur toute l'île. Alors que Dessalines est à Santo Domingo, il reçoit le message des Anglais, selon lequel des bateaux français sont remarqués à l'horizon de Port au Prince. Il se précipite, rassemble ses troupes à la hâte et avec la célérité que cela requiert d'arriver à Port-au-Prince. C'était une fourberie des Anglais, il n'y avait pas de bateaux français. Il est important de garder à l'esprit que ce sont les autorités de Port au Prince qui ont la charge de la direction de toute l'île. Un pays qui s'appelle République dominicaine n'existe pas encore. Toute l'île est Haïti, et sous la responsabilité de Port au Prince.

Dans la constitution de 1801 , il est fait mention des régions comme l'Engamo et Samana.

Engamo et Samana représentent ce qui formera, bien plus tard, une République Dominicaine.

Dans la constitution de 1805  on lit ce qui suit : Le peuple habitant l'île ci-devant appelé Saint-Domingue, convient ici de se former en État libre, souverain et indépendant de toute autre puissance de l'univers, sous le nom d "Empire d'Haïti".

Article 15 . L'Empire d'Haïti est un et indivisible ; son territoire est distribué en six divisions militaires.

Article 18 . Sont parties intégrées de l'Empire les îles ci-après désignées : Samana, la Tortue, la Gonâve, les Cayemites, l'île à Vache, la Saône, et autres îles adjacentes. Constitution de 1816. (Constitution de 1806 révisée en 1816. Alexandre Pétion)

Article 40 . L'île d'Haïti (ci-devant appelée Saint-Domingue) avec les îles adjacentes qui en dépendent, forme le territoire de la République.

Article 41.  La République d'Haïti est une et indivisible ; son territoire est divisé en départements, savoir : les départements du Sud, de l'Ouest, de l'Artibonite et du Nord, dont les limites sont connues et désignées par la loi de l'Assemblée centrale de Saint-Domingue, en date du 10 juillet 1801. Les autres départements seront désignés par une loi qui fixera leur étendue Constitution de 1843 Article premier. L'île d'Haïti et les îles adjacentes qui en dépendent forment le territoire de la République.

Article 2 . Le territoire de la République est divisé en six départements. Ces départements sont : le Sud, l'Ouest, l'Artibonite, le Nord, le Cibao, l'Ozama. Leurs limites seront définies par la loi. Jusque-là toute l'île d'Haïti est la République d'Haïti. Un pays qui s'appelle République dominicaine n'existe pas encore. Jusque-là il n'y a pas d'occupation d'un pays qui s'appelle République dominicaine.

En 1821 Boyer obtint de Don Caceres la remise des clés de la ville de Santo Domingo, en conformité avec le traité de Bâle entre la France et l'Espagne, avec la constitution de 1801 de Toussaint Louverture, de 1805 de Dessalines, de 1806 de Pétion, de 1816 de Pétion (de la république d'Haïti). Depuis la reddition de Rochambeau à Dessalines toute l'île est sous l'autorité de Dessalines ; de la Navase à Punta Cana.

En juillet 1825 l'amiral baron de Mackau se présente au bureau d'Inginac ministre des Affaires étrangères. L'amiral Baron de Mackau est soutenu par une flotte de 14 bateaux de guerre et 494 soldats français. Il déclaration aux autorités haïtiennes ; leur manifestant l'ordonnance de Charles X. reconnaissant unilatéralement l'Indépendance d'Haïti (150 millions de Francs à versé en 5 ans) : où vous acceptez ces conditions, vous signez, vous autorisez une nouvelle vie ou vous refusez de signer, auquel cas mes soldats commenceront les opérations militaires. C'est dans ces conditions que Boyer signe l'acte d'acceptation de la rançon de l'Indépendance.

Déjà en 1830 Ferdinand II d'Espagne tenta de récupérer la partie Est de la République d'Haïti. Il manda Don Felipe Fernandez de Castro auprès du Président Jean Pierre Boyer pour parler de la partie de l'Est. Boyer a ordonné à la garnison de Santo Domingo d'entrer en guerre. Don Felipe capitula et repartit sans succès.

En janvier 1835, le Français Aubert Dupetit Thouars vint en Haïti, demanda à consulter les livres de comptes de la République d'Haïti et fut convaincu que celle-ci ne pouvait payer la rançon de l'Indépendance. Il n'était pas invité, pourtant il se présenta aux bureaux de l'administration haïtienne.

De 1804 à 1861, les États-Unis refusèrent de reconnaître l'Indépendance d'Haïti, en dépit de la reconnaissance de celle-ci par la France. A l'époque la République d'Haïti mesure 78750 km2 (plus les îles adjacentes) Le danger pour Haïti (toute l'île ; de la Navase à Punta Cana) c'est que tout l'Occident coalisé ne jure que par sa perte . Les Etats-Unis rêvent d'annexer Haïti. L'Espagne rêve de lui enlever les deux provinces de l'Est : Engano et Samana. Au lendemain de la révolution, Haïti a été soumise à un embargo de la France et des États-Unis.

Pour l’Occident, Haïti est une répugnance, c’est la peste, un mauvais exemple, un danger pour l’humanité. Il faut autour d’Haïti établir un cordon sanitaire. Haïti est infréquentable, haïe, honnie, vilipendée Les Occidentaux sont opposés á l’existence d’un “Pouvoir noir” en Amérique. Haïti est une mouche dans un verre de lait. Les autorités colombiennes refusent de s‘exposer avec Haïti. Lorsqu’en 1821 les provinces rebelles de l’Est de la république d’Haïti se sont soumises ; cela n’a pas plu aux Occidentaux. Ils ont préféré parler d’annexion, d’invasion, d’occupation, de réunification plutôt que de soumission des provinces rebelles à l’autorité centrale.

Quand le Vietnam du nord a récupéré le Vietnam du sud, on n'a pas parlé d'invasion ou d'occupation. Quand les deux Allemagnes se sont réunies, on n'a pas parlé d'invasion. Pourquoi parle-t-on, dans le cas d'Haïti, d'invasion d'un pays qui n'existe pas encore ?

Depuis 1804 toute l'île est haïtienne. Pourquoi parle-t-on de réunification avec un pays qui n'existe pas encore. En 1821 un pays qui s'appelle Saint-Domingue n'existe pas encore.

Cependant en 1843, Haïti est à la veille d'une catastrophe géopolitique qui fera le lit de tous les malheurs à venir de la république d'Haïti d'après 1844. Déjà en 1830 Ferdinand II d'Espagne tenta de récupérer la partie Est de la République d'Haïti. Il manda Don Felipe Fernandez de Castro auprès du Président Jean Pierre Boyer pour parler de la partie de l'Est. Boyer a ordonné à la garnison de Santo Domingo d'entrer en guerre. Don Felipe capitula et repartit sans succès.

En janvier 1835, le Français Aubert Dupetit Thouars vint en Haïti, demanda à consulter les livres de comptes de la République d'Haïti et fut convaincu que celle-ci ne pouvait payer la rançon de l'Indépendance. Il n'était pas invité, pourtant il se présenta aux bureaux de l'administration haïtienne. Entre 1843 et 1844, les Américains, particulièrement le Président américain John Tyler, œuvrèrent ardemment à pousser l'Est de la République d'Haïti à la rébellion et à la scission de l'île. John Tyler a déposé clandestinement à l'Est de la république d'Haïti des émissaires, des espions, des agitateurs, des armes, des munitions provoqua un soulèvement et la scission de la république d'Haïti.

Les États-Unis s'empressèrent de reconnaître l'existence de Santo Domingo tout en ne reconnaissant pas l'existence de la République d'Haïti. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'ils sont les "amis d'Haïti".

Rivière Hérard échoua dans sa tentative de récupération du territoire en rébellion. Il attendit pendant trois mois des armes et des munitions qu'il fit chercher à Port au Prince dans le but d'avancer de la rivière Ocoa à la ville de Santo Domingo. L'émissaire revint lui dire qu'il n'est plus Président d'Haïti qu'il a été victime d'un coup d'État.

Du président Rivière Hérard à l'Empereur Faustin Soulouque l'idée est restée vivante de la récupération de la partie Est de la république d'Haïti.

Lorsque le Président Soulouque entreprit la campagne de l'Est, il arriva jusqu'au milieu du territoire en sécession. L'ambassadeur français Maxime Rebaud fit parvenir à Soulouque la nouvelle selon laquelle un coup d'État se préparait contre lui, il sonna la retraite et entra en toute haine à Port-au-Prince.

Alors il apprit que c'était une fourberie de l'ambassadeur français Maxime Rebaud. C'était une fourberie de l'ambassade de France. Il n'y avait pas de coup d'État en préparation.

Soulouque se préparait à une nouvelle campagne de l'Est, quand il avait été circonscrit par les ambassadeurs français, anglais, américains qui lui demandaient d'observer un moratoire, de remettre à deux ans son nouveau projet. Soulouque souscrivit à leur requête. Quelques mois plus tard Soulouque fut renversé. Ce ne peut être l'œuvre du hasard. Pendant tout le temps que Soulouque était au pouvoir, des bateaux agressent la ville de Jacmel pour empêcher Soulouque d'entreprendre une nouvelle campagne de l'Est.

Le président Geffrard avait renoncé à toute idée de récupération du territoire perdu. La société haïtienne avait perdu son ardeur guerrière et un peu de son nationalisme farouche.

Ironie de l'histoire, c'est l'armée haïtienne de Geffrard qui en 1862 combattit les Bourbons d'Espagne, chassa les Espagnols de la Dominicaine et rétablit la souveraineté des Dominicains sur le territoire.

Si les Dominicains n'étaient pas un peuple ingrat, ils devaient élever un monument à la gloire des combattants Haïtiens et du président Fabre Geffrard.

Les historiens dominicains doivent, par honnêteté intellectuelle, admettre que :

La vraie guerre d'indépendance que les Dominicains ont livrée est celle contre les Espagnols ; dans cette guerre ils avaient reçu l'aide incommensurable des Haïtiens.

Les Haïtiens ont versé leur sang pour la libération et l'acquisition du territoire sur lequel ils martyrisent les Haïtiens.

Les Haïtiens n'ont jamais occupé Santo Domingo, ils ont seulement essayé de récupérer un territoire qui était le leur depuis 1804

les Haïtiens ont gouverné un territoire qui était le leur dans sa totalité du 18 novembre 1803 jusqu'au 27 février 1844.

Les Haïtiens ont livré une guerre de récupération qu'ils n'ont pas gagnée. C'est ce qui nous vaut d'être maltraités aujourd'hui en Dominicaine.

C'est cela la vérité historique.


Floride, États-Unis, 24/02/2023


Crédit: Haendel Carré


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